Si on a pour habitude de parler de Quotient Intellectuel (QI), il y en a pourtant un qui, dans le cadre dans l’entreprise, des postes de management, du recrutement de nouveaux collaborateurs, a bien plus d’importance.
Il s’agit du Quotient Emotionnel (QE) !
#1 : Etymologie et contexte
Le mot émotion vient du latin motio = mouvement, e = qui vient de, et cette étymologie indique très exactement le sens de ce mot. L’émotion est en effet un mouvement provoqué par une excitation extérieure.
D’un point de vue physiologique, une émotion est une réaction affective passagère d’intensité plus ou moins forte, qui survient en réaction à un événement déclencheur.
Le psychologue américain Paul Eckman, pionnier dans l’étude des émotions, a observé les expressions faciales dans diverses cultures et a dénombré 6 émotions fondamentales : la joie, la colère, la peur, la tristesse, la surprise, le dégoût.
Elles servent de matériau de base à l’élaboration d’autres émotions dites secondaires. Le vocabulaire émotionnel décrit la palette et l’intensité des émotions, il est utile pour mieux les identifier, mieux se connaître, mieux gérer ses relations sociales.
- Les 6 émotions de base:
*La joie est liée à la satisfaction d’un désir, la réussite d’un projet important à nos yeux. C’est un état de satisfaction et de bien-être qui se manifeste par de la gaîté et de la bonne humeur. Elle accroît notre énergie, la motivation et la confiance en soi.
La colère est une réaction de protection. Elle résulte d’une frustration, d’un sentiment d’injustice, de la rencontre d’un obstacle, voire de l’atteinte à son intégrité physique ou psychologique.
La peur est une émotion d’anticipation. Elle est utile lorsqu’elle nous informe d’un danger, d’une menace potentielle ou réelle car elle nous prépare à fuir, ou à agir. Elle peut être également liée à une appréhension, elle peut alors s’avérer stimulante ou bloquante.
La tristesse est liée à une perte, une déception, un sentiment d’impuissance, un souhait insatisfait. Elle se caractérise par une baisse d’énergie, de la motivation.
La surprise est provoquée par un événement inattendu, soudain, en lien avec un changement imminent ou par une révélation allant à l’encontre de notre perception, de nos représentations. Elle est généralement brève, puis s’estompe ou laisse place à une autre émotion.
Le dégoût correspond à un rejet, une aversion physique ou psychologique envers un objet (nourriture…) ou une personne, perçus comme nuisibles.
Les émotions, lorsqu’elles sont source d’énergie, constituent un moteur puissant mais elles peuvent aussi être un frein, nous bloquer, provoquer des effets indésirables et nous empêcher d’agir.
Par exemple la peur de ne pas être à la hauteur peut nous amener à refuser une promotion, à ne pas oser demander de l’aide. À l’inverse, la réussite d’un projet procure une grande satisfaction, voire de l’enthousiasme. Elle stimule, donne envie d’aller de l’avant et de s’améliorer. Elle constitue un élan, une dynamique.
Être attentif à ses émotions, à son ressenti, mettre des mots sur l’intensité de l’émotion développe la conscience émotionnelle et aide à mieux se comprendre et à mieux comprendre l’autre.
#2 : Quelle est la différence en Q.I. et Q.E. ?
Le quotient intellectuel évalue les capacités intellectuelles de l’individu lui permettant de comprendre et de découvrir ce qui l’ entoure. Il s’agit d’une mesure de l’intelligence logique.
Le quotient émotionnel prend en compte les facultés d’adaptabilité et de confiance en soi. Il prend en considération les attitudes et comportement de l’individu parmi un ensemble d’individus.
Il est prouvé de manière neuroscientifique que les émotions ne passent pas par les mêmes circuits du cerveau que l’intelligence cognitive.
Le quotient émotionnel est difficilement mesurable et quantifiable puisqu’il échappe à tout raisonnement cartésien.
#3 : Intelligence Emotionnelle ? De quoi s’agit-il ?
L’intelligence émotionnelle (IE) est la capacité à percevoir, comprendre et gérer ses propres émotions et celles des autres. Les personnes dotées d’intelligence émotionnelle savent ce qu’elles ressentent, ce que leurs émotions signifient et comment ces émotions peuvent affecter les autres.
En 1995, Daniel Goleman, psychologue et journaliste scientifique, a popularisé cette notion, considérant que le quotient émotionnel (QE) est un excellent indicateur de la réussite sociale et professionnelle. S’agissant d’une compétence, celle-ci peut donc être développée par l’apprentissage, la pratique et la persévérance.
#4 : Comment est-elle constituée ?
Selon les deux chercheurs psychologues Meyer et Salovey (inventeurs du concept en 1990), l’intelligence émotionnelle est constituée en 5 composantes :
° la conscience de soi : avoir une meilleure connaissance de soi et de ses émotions, pouvoir les identifier, les reconnaître, les développer et les utiliser à bon escient pour prendre des décisions.
° la maîtrise de soi : maîtriser ses émotions et impulsions, sans se laisser envahir par ses émotions pour s’adapter à l’évolution de la situation.
° l’auto motivation : trouver soi – même les sources de motivation qui permettent de rester dans état d’esprit positif et le cultiver. Être capable de remettre à plus tard la satisfaction de ses désirs et réprimer ses pulsions. Les personnes dotées d’un quotient émotionnel élevé sont productives, créatives, aiment les défis et font preuve d’efficacité.
° la conscience sociale : faire preuve d’empathie, c’est-à-dire avoir la capacité à percevoir et à comprendre les émotions, les besoins et les points de vue des autres mais également de pourvoir y réagir. Les personnes empathiques sont douées dans les relations humaines et l’écoute.
° La maîtrise des relations humaines : cultiver des bonnes relations, inspirer, influencer avec éthique, négocier, gérer les changements, initier, mobiliser une équipe, autant d’éléments qui contribuent à la gestion et la maîtrise des émotions.
*extrait du livre La MEGA boîte à outils du manager leader, Pascale Belorgey, Nathalie Van Laethem, éditions Dunod.
Pour aller plus loin, découvrez l’ouvrage de Daniel Goleman intitulé Cultiver l’intelligence relationnelle, publié chez Robert Laffont en 2009.
#5 : Pourquoi l’utiliser ?
° pour mieux comprendre soi – même son rapport aux émotions, ses propres réactions et ses comportements
° pour se mettre à la place des autres et réfléchir avant d’agir.
° pour mesurer l’impact de ses propres comportements sur les relations aux autres
° pour accepter de se remettre en cause sans d’office porter la responsabilité aux autres
° pour apprendre à s’auto évaluer : connaître ses points forts et ses points faibles et apprendre à les développer
° pour apprendre à avoir des réactions appropriées en cas de situation de stress, de conflit ou de contrariété
° pour garder une posture d’ouverture
° pour garder recul et faire preuve de discernement dans toute situation qui vous implique
° pour se libérer des tensions inutiles et rester dans un esprit positif
° pour rester constructif, efficace et proactif en toute situation
° pour mieux comprendre la société et les gens qui la composent
° pour faire preuve d’un leadership naturel, spontané, qui fédère et rassemble
#6 : Important pour l’entrepreneur ?
L’intelligence émotionnelle est devenue une capacité primordiale à acquérir pour tout entrepreneur, leader, chef d’entreprise, manager…
Si on part du postulat qu’une équipe fonctionne à l’image de celui (celle) ou de ceux (celles) qui la dirigent, on comprend immédiatement l’intérêt de se former à cette « soft skill ».
Pour rappel s’agissant d’une capacité, chacun peut donc développer son intelligence émotionnelle par l’apprentissage, la pratique et la persévérance.
La maîtrise de l’intelligence émotionnelle dans votre posture managériale a une incidence positive directe sur le leadership, la gestion du changement, l’adaptation professionnelle, la gestion des équipes, la résistance au stress, la créativité.
L’intelligence émotionnelle est également devenue un outil de recrutement qui permet de cerner rapidement les modes de fonctionnement des candidat(e)s par rapport à une mise en situation.
En vous connaissant bien vous-même également vous ferez preuve d’un grand discernement dans les attitudes et les réactions observées et vous pourrez ainsi jauger du potentiel naturel de la personne et des points d’amélioration éventuels à suggérer.
Comment prendre soin de son intelligence émotionnelle ?
Comme pour l’entretien de son corps on parle ici d’hygiène émotionnelle, c’est-à-dire comment prendre soin de ses émotions pour faire en sorte qu’elles soient un signal positif pour nous-même et pour les autres.
Dans son livre « intelligence émotionnelle et management », Ilios Kotsou parle de 8 étapes !
Je vous propose de les découvrir ci-dessous.
Reconnaître et accueillir l’émotion
#1) Identifier et nommer les émotions
Apprendre à se mettre à l’écoute de ses sensations et de tous les signaux émis par son corps. Essayer de les localiser de manière précise et en prendre conscience. Se demander : qu’est-ce que je ressens, comment et où cela se manifeste-t-il ? Afin de donner du sens à ses émotions, nommez-les et mettez-les en phrase.
Par exemple, j’ai une boule à l’estomac, j’ai la gorge nouée, j’ai les pieds tremblants, je ressens comme une paralysie, je ne parviens pas à m’exprimer…
#2) Accueillir les émotions
Apprendre à ne porter aucun jugement sur l’émotion vécue et l’accueillir telle qu’elle est. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise émotion ! Il y a émotion tout simplement. Il est primordial de la reconnaître et de l’accepter. C’est l’attention que vous allez lui apporter qui vous permettra de la gérer de la manière adéquate.
Prendre soin de vos besoins
#3) Identifier vos besoins
Toute émotion est liée à un besoin non rencontré au moment où on la vit. Ce peut-être un besoin d’appartenance, de sécurité, de réconfort, de liberté, d’écoute…
Se questionner : quel est le message de mon émotion ? Quel est ce besoin non satisfait ? De quoi ai-je vraiment besoin ? Par exemple, j’ai besoin de reconnaissance et de considération pour le travail que je viens d’effectuer ou j’ai besoin de me sentir en sécurité physique lorsque je marche dans la rue…
4) Différencier
Il est important de distinguer les notions de « besoin » et de « moyen ». Par exemple : « je veux maigrir ou je veux arrêter de fumer ne sont pas des besoins. Ce sont des moyens (entre autres moyens) de se sentir mieux dans sa peau, de prendre soin de sa santé, de retrouver de la confiance en soi…
La question est donc bien d’identifier parfaitement le besoin non comblé et de s’ouvrir à tous les moyens qui permettent d’y répondre positivement.
5) Agir
Il est temps de passer à l’action et de prendre soin de son besoin. Pour cela il est indispensable de mettre en place une série d’actions concrètes au quotidien. Des petites actions réalistes qui permettent de prendre soin de ce besoin sur le long terme.
Gérer vos pensées
6) Questionner vos croyances
Interrogez vos croyances et prenez conscience de leur effet : sont-elles « aidantes » ou « limitantes » ? Pour ma part j’aime parler de croyances « aimantes ». Prenez un stylo et un cahier, faites deux colonnes et notez d’un côté les croyances qui vous freinent et de l’autre côté celles qui vous permettent d’avancer. Effectivement une croyance a le pouvoir de vous détruire ou de vous construire.
7) Changer de croyance
Pour chaque croyance « limitante », demandez-vous ce que vous pouvez faire pour la transformer en croyance « aimante ». Imaginez que votre besoin soit satisfait, qu’est-ce que vous penseriez-sur vous-même que vous ne pouvez faire aujourd’hui ? Qu’est-ce que je peux mettre en place dès maintenant pour m’en rapprocher ? Quels moyens vais-je utiliser ?
8) Recadrer de façon positive
Plutôt que stigmatiser vos croyances limitantes, interrogez-vous sur ce que cela vous apprend de les vivre sous cette forme ? Y a-t-il des bénéfices à en tirer ? Visionnez-vous ensuite dans vos nouvelles croyances, que vous apportent-elles, comment vous sentez-vous ? Qu’avez-vous envie de faire que vous n’aviez pas fait auparavant ?
Vous l’aurez compris un leader, un manager, un chef d’entreprise, se doit d’être conscient de ses émotions et des réactions qui en découlent, autant pour lui-même que pour ses relations interpersonnelles.
La société demande de plus en plus de faire preuve de sang froid dans son travail et dans ses relations avec les autres.
Être capable de gérer ses états émotionnels et donc faire preuve d’hygiène émotionnel est une compétence d’une importance capitale au sein de son leadership ou de son management.
Comme pour tout apprentissage cela demande une certaine discipline, de l’entraînement et de la persévérance.
Mais les résultats qui en découlent peuvent réellement transformer votre vie et celle des autres.
Alors on commence quand ?
Téléchargez la fiche PDF ici: EMOTION_PETIT_A_PETIT-converti